De Gary Ross
Avec Jennifer Lawrence, Liam Hemsworth, Jsoh Hutcherson, Stanley Tucci, Elizabeth Banks...
Quelque 30 millions de jeunes dans le monde ont déjà lu un ou tous les volumes de la trilogie Hunger Games, lancée en 2008 et écrite par Suzanne Collins. À l'instar des sagas Harry Potter et Twilight, Hunger Games est le dernier best-seller de la littérature jeunesse et un blockbuster dont le succès est d'ores et déjà annoncé. Un phénomène de société en puissance qui tombe à point nommé... Le sorcier à lunettes à définitivement rangé sa baguette, Edward Cullen et sa clique rentreront une bonne fois pour toute leurs crocs en novembre prochain. La voie est donc libre pour une nouvelle épopée fantastique. Et les 100 millions de dollars investis par LionsGate le prouvent bien (c'est à peu près le triple de ce qui avait été mis dans le premier Twilight). En espérant que le succès soit au rendez-vous...
Pour
maintenir la paix, la cohésion sociale et prévenir toute révolution, le
gouvernement de pays baptisée Panem, a recours à… un show télévisé !
Chaque année, un garçon et une fille âgés de 12 à 18 ans vivant dans les
12 districts sont tirés au sort pour participer à un jeu d'un genre
particulier. L'unique règle : survivre quoiqu'il en coûte. Sous le
regard des téléspectateurs hurlant d'enthousiasme, les enfants
s'entre-tuent, manipulés par les astuces mortelles du producteur de
l'émission pour en mettre plein la vue. L'héroïne, Katniss Everdeen
(Jennifer Lawrence), est une tireuse à l'arc d'exception
originaire d'une région minière qui devient une véritable Jeanne d'Arc,
faisant figure de rebelle sacrifiée : elle se désigne volontaire pour
participer à ce jeu létal à la place de sa petite sœur.
La
violence des romans n'a pas dégoûté les jeunes lecteurs, loin de là.
Suzanne Collins a su trouver le juste équilibre entre une amourette
entre deux héros que tout oppose (qui vire à un trio "déchirant"), un
terrain hostile qui fait tout pour les séparer, des méchants arrogants
(et stupides), etc. Et le tout dans un décor improbable et des milliers
de figurants aux costumes incroyablement colorés et fantasques. Une
configuration mais plus qu'efficace.
Dans l'arène... se battre pour survivre
Bien que la saga possède une
base de fans commune à Twilight (et un marketing passé au bulldozer) Hunger Games
est susceptible d'attirer un public beaucoup plus large. Oubliées les mièvreries vampiriques, les thèmes
que cette nouvelle sage traite et décortique avec talent explorent la culture du jeu, la
dictature de l'image,
l'abrutissement des masses… Des sujets résolument d'actualité, en ces temps d'images violentes et peu censurées sur tous les écrans, pouvant
intéresser autant les filles, les garçons, toutes générations
confondues.
Gary Ross à qui l'on doit La Légende de Despereaux,
Pur Sang - la légende de Seabiscuit, Pleasantville (entre autres) réalise
un véritable tour de force : une adaptation qui se transforme en
vraie création cinématographique visuelle (sans en faire de trop), sans pour autant faire
l'impasse sur la profondeur des personnages et sur un scénario construit et intelligent. Tour à tour présentés
plutôt finement (même traitement réservé aux rôles secondaires), ils se
révèlent (ou se confirment) être parfaitement interprétés pour la
plupart. On pense notamment à la
petite Rue (Amandla Stenberg) saisissante de
justesse, à la fois jeune innocente jetée dans l'arène et un brin
espiègle. Quant à Katniss, Gary Ross parvient
à la rendre touchante et guerrière froide à la fois. On s'attache à son
histoire et son apparente distance révèle une force physique et mentale à
toute épreuve. Dans ce rôle, Jennifer Lawrence nous offre un jeu
naturellement efficace (souvent un peu mono-expressif), qui se révèle petit à petite, dans cet univers
bien ficelé.
Le réalisateur fait faire au spectateur des va-et-vient
entre l'intérieur de l'arène
et l'extérieur (les populations des districts devant leurs écrans, les
dirigeants du Capitole, le producteur contrôlant les événements du
jeu...), le tout en permanence relié à Katniss. Le scénario se révèle à
la fois très dense et plus en retenu sur les scènes de
chasse à l'homme qui risquaient d'alourdir le tout inutilement. On
apprécie des moments de pause distillées ici et là comme pour instaurer
le calme entre deux moments de violence, sans pour autant quitter
complètement la
compétition. Une violence dans un monde futuriste qui rappelle celle
que l'on voit tous les jours, à longueur de JT.
Hunger Games dénoncent
le voyeurisme banalisé et le sadisme convenu des émissions de
télé-réalité qui ont envahit nos petits écrans depuis plus d'une
décennie. Ici point d'histoire malsaine faisant l'apologie de la violence
et du meurtre de sang-froid. On reproche à l'écrivain d'avoir fait
des enfants la cible (et les acteurs de par le fait...) du massacre. Un
tabou que le roman et le film japonais Battle Royale avaient déjà brisé
(bien plus violemment encore) en 1999. L'innocence des enfants doit être
préservée. Mais au vu du succès du en librairie de Hunger Games, il
sera difficile de les éloigner de ce qui sera assurément un succès de la
culture populaire cinématographique. Les paris sont ouverts !
En résumé : Hunger Games est finalement
plus qu'un "teen movie". Point de naufrage littéraire avec des
dialogues sirupeux ou des regards langoureux qui durent des plombent.
Les scènes d'action sont maîtrisées et les acteurs crédibles. Que l'on
soit fan des livres ou non, on se prend au jeu. Hunger Games permet à
chacun d'y
trouver son bonheur et on peut d'ores et déjà s'attendre à une trilogie
qui sera réussie (en tout cas on l'espère).
Cliquer sur l'image pour voir la bande-annonce :