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mardi 1 novembre 2011
Critique : 50/50 : Du rire face à la maladie (16 novembre)
Le mot qui commence par "C"... est un mot qui fait peur, qui perturbe et qui glace les sangs rien qu'à son évocation. Cancer. Une montagne d'images nous envahit en le prononçant. Le sujet avait tout pour faire de 50/50 un film casse-gueule, maintes fois éculé sous des formes mélodramatiques, avec son lot de violons, de bons sentiments et... de mouchoirs en papier. Et pourtant, Jonathan Levine n'est pas tombé dans le piège en traitant la maladie avec humour et dérision. Un pari qui aurait pu lui valoir sa casquette de réalisateur, mais il a passé le test sans difficulté. L'humour triomphe des pires situations.
De quoi ça parle ?
Adam (Joseph Gordon-Levitt, vu dans Inception et bientôt dans Premium Rush) et Kyle (Seth Rogen, exaspérant dans 40 ans, toujours puceau) sont les deux meilleurs amis du monde. Journalistes en radio, ils mènent une vie de trentenaires cools et insouciants. Jusqu'au jour où Adam apprend qu'il est atteint d'une tumeur sur la colonne vertébrale. Les médecins lui donnent 50% de chance de survie. A ce moment-là, sa vie bascule. Cocufié et abandonné par sa copine (habituée au rôle de détestable Bryce Dallas Howard, vue dans The Help), il va vivre de l'espoir que lui donnent son ami Kyle, dont le cerveau semble se situer dans son pantalon, sa mère (Anjelica Huston, l'inénarrable mère de La Famille Addams) sur-protectrice et sa thérapeute (Anna Kendrick, lycéenne dans la saga Twilight), totalement inexpérimentée mais adorable de candeur.
"T'es un jeu de casino. T'as 50% de chances, on va voir qui gagne"
Voilà un long-métrage qui ne fait rien comme les autres. L'humour comme arme contre la maladie, voilà qui augurait de belles gamelles. Un mode qui, mal utilisé, aurait pu avoir l'effet inverse et tourner au cauchemar indécent. Une vanne, un gag ou des dialogues interprétés de travers aurait pu faire virer le film à la farce grotesque et irrévérencieuse. Que nenni ! Les situations données sont plus que crédibles, et pour cause, le scénario s'inspire directement de l'histoire de Will Reiser et de son ami Seth Rogen. Un tas de détails laissent deviner qu'il est passé par là (lors des rendez-vous chez le médecin, ce sont ses IRM et scanners qui sont à l'écran) et le traitement fait constamment sourire malgré sa thématique poignante.Sans pour autant oublier quelques moments de pure douleur émotionnelle qui donnent à Jospeh Gordon-Levitt une profondeur de jeu impressionnante.
Selon Will Reiser "c'est fou ce que la perspective de partir pour toujours vous donne le courage de dire ou faire !". Et le film le rend bien. Plus de temps pour le mensonge, pour tout ce qui est futile et vain. Tout devient direct, fort et sincère. Et en plus ce que cela provoque chez le malade sur le plan physique et psychologique, il y a aussi ce que cela provoque chez les autres. La perspective de la mort remet bien en cause des choses et fait parfois ressortir leurs propres peurs et des comportements irrationnels et même égocentriques. "Mais comment veux-tu que je supporte tout cela encore longtemps ? C'est très dur pour moi", dit la petite amie d'Adam pensant à ses propres sentiments avant ceux de celui qu'elle est censé aimer.
Le jeu subtil et honnête des interprètes nourrit constamment le projet. Joseph Gordon-Levitt a ici trouvé un rôle en or pour dévoiler toute sa sensibilité et sa force dramatique. Il parvient à éviter tous les clichés et mimiques d'un malade lorsqu'il est en chimiothérapie au milieu d'autres cancéreux ou qu'il tente de comprendre ce qui lui arrive en thérapie. Et sa performance trouve son équilibre grâce au jeu totalement opposé de Seth Rogen, puérile et décadent au premier abord, et tellement humain sous un autre. Autant, il a pu énerver parfois à en faire trop dans ses précédents films, autant là, il est un réel moteur pour les zygomatiques et les émotions.
En résumé : une jolie comédie dramatique qui mélange
intelligemment de nombreux sentiments et qui malgré un sujet lourd, donne foi en la vie. Et comme a déclaré Will Reiser "J'espère que ce film permettra aux gens de parler de ce qu'ils endurent et de ne plus avoir peur des mots. De même qu'il est bon de pleurer, il est bon de rire de la maladie et de son absurdité". Voilà qui est dit !
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