dimanche 20 novembre 2011

Critique : Les Immortels : Nom de Zeus ! (23 novembre)

Trouvez votre place dans la vie et prenez vos responsabilités ! Si vous y parvenez, vous mènerez une vie qui dépasse toutes vos espérances. Voilà en substance le message que délivre Les Immortels, de Tarsem Singh. Le réalisateur de The Fall et The Cell, ou encore de la pub Nike dans laquelle l'inénarrable Cantona envoie le ballon au fond de la cage face disant de sa voix caverneuse "au revoir" à un diable, revient en force et nous submerge avec son sens esthétique bien à lui. Film d'action et d'aventures rempli de cascades audacieuses, de combats aux effets spéciaux incroyables et plutôt fort de sensations bien rendues par la 3D.




De quoi ça parle ?
 
© Metropolitan FilmExport
Le roi Hypérion (Mickey Rourke) et ses soldats mettent la Grèce Antique sans dessus-dessous, pillant et massacrant tout sur leur passage. La quête du souverain sanguinaire ? L'arc magique forgé par le dieu Arès et libérer les Titans enfermés sous le mont Tartare (non, pas "fais moi frais"...) après leur défaite face aux Dieux de l'Olympe. Ces derniers, dont Zeus (Luke Evans) en premier lieu, n'ont pas l'intention de le laisser faire. Mais ils ne peuvent interférer dans la vie des mortels selon les lois millénaires. C'est alors qu'indirectement le jeune Thésée (Henry Cavill), simple tailleur de pierre et simple mortel, va partir au combat après l'assassinat de sa mère par le roi. Sur sa route, il va rencontrer Phèdre (Freida Pinto), l'oracle qui, grâce à ses visions, est convaincue que Thésée est le seul à pouvoir sauver l'humanité.

"Vas te faire voir chez... les dieux !"

© Metropolitan FilmExport
Puristes de la mythologie, passez votre chemin ou contentez-vous de regarder les images (ah si ! Vous aurez au moins une allusion au combat contre le Minotaure...). Car le réalisateur se fiche pas mal de l'authenticité historique, tant qu'il y a du spectacle. Et on en a plein les mirettes ! Tarsem Singh est connu et reconnu pour son esthétisme hallucinante, où chaque plan devient un tableau. Une grand force qui peut devenir une faiblesse car Les Immortels sont beaux à voir mais sonnent creux côté scénario. Peut-être à cause de sa façon de voir les choses dès le départ car, Tarsem l'avoue lui-même il démarre toujours un film avec une image en tête avant même d'avoir une histoire. Et pourtant, on se laisse plutôt bien embarquer. Chaque séquence est une œuvre d'art à la Caravage (comme il l'a revendiqué), où tour à tour les couleurs chaudes et flamboyantes puis les nuances de gris métalliques au noir dansent autour des personnages, conférant aux décors une atmosphère vraiment particulière. Unique. Et en 3D,
s'iou plaît !

© Metropolitan FilmExport
Il va s'en dire que les dieux ne pouvaient être vieux, à barbes longues et blanches et en toges insipides ! Cela ferait désordre dans le tableau. Ainsi les hommes (des vrais !) sont tous musclés (à outrance ?) au point d'avoir 8 carrés de chocolat en lieu et place des abdos moulés sur leurs armures dorées (Tarsem Singh ayant insisté sur ce point...), sans pour autant cacher les vrais abdos taillés dans le rocher Suchard quand ils combattent sans... (On connaissait déjà le physique d'athlète de Kellan Lutz depuis le premier volet de Twilight et celui moins imposant de Stephen Dorff, ovationné dans Somewhere de Sofia Copppola...). Il leur faut bien cela pour coller des pains magistraux à leurs ennemis féroces, vraiment pas commodes (entre autres, Lysandre, joué par Joseph Morgan de la série Vampire Diaries...). Épées, flèches, chaîne servant de fouet... toutes les armes à portée de main sont leurs meilleures amies, et les giclées de sang en-veux-tu, en-voilà, leurs plus belles récompenses. Les ralentis s'enchaînent et s'accélèrent au gré des batailles humaines ou divines (les dieux ayant une rapidité plus élevée car ce sont des êtres surnaturels), plutôt impressionnantes car très travaillées, au tressaillement de muscle près. "Personne n'avait jamais tenté de manipuler le temps différemment pour deux types de personnages dans un même film", se gargarise Tarsem Singh.

© Metropolitan FilmExport

© Metropolitan FilmExport
A force de beauté et d'approche de perfection, Tarsem Singh en oublie ce qu'il raconte... Dès les premières minutes, on ne peut que le comparer à 300 de Zack Snyder (normal, aux commandes, les mêmes producteurs...) ou au Choc des Titans de Louis Leterrier pour son envergure, la quantité et l'audace des batailles (encore que celles de 300 étaient bien plus violentes). Toutefois, l'action a du mal à démarrer et se fait désirer. On nous fait gentiment attendre avec des petites scènes de destruction de villages ou d'amour passionné entre Thésée et la Phèdre. Échange charnel qui d'ailleurs se termine aussi vite qu'il a commencé, à se demander si la sublime Freida Pinto ne jouerait (encore) pas la caution "chute de rein vertigineuse" pour faire oublier les incongruités et la pauvreté du scénario. Malheureusement, le rythme du film se perd dans toutes ces circonvolutions narratives et finalement, on ne s'attache pas tellement aux personnages. Alors on contemple les décors dans leurs moindres détails. Sans cet esthétisme à couper le souffle, Les Immortels seraient déchus de leur immortalité cinématographique et tomberait dans les limbes de l'oubli aussi rapidement qu'une flèche décochée par Thésée.


En résumé : Un festival pour les yeux qui laissera nos neurones au vestiaire. En espérant qu'il ne fasse pas de même pour sa version de Blanche Neige avec Lily Collins.

Messages les plus consultés