lundi 13 janvier 2014

[Critique] Les Brasiers de la colère : La descente aux enfers sans retour (15/01/14)

LES BRASIERS DE LA COLÈRE

De Scott Cooper
Avec Chritian Bale, Casey Affleck, Woody Harrelson, Sam Shepard, Willem Dafoe, Zoe Saldana, Forest Whitaker

Sortie le 15 janvier 2014


À Braddock, ville ouvrière de Pennsylvanie sombre et sur le déclin, les habitants s'enfoncent peu à peu dans la pauvreté. Rusell Baze, comme beaucoup d'autres, courbe l'échine et travaille à l'usine, où il laisse peu à peu la santé, et son âme. Après avoir passé un temps en prison suite à un accident de voiture fatal qu'il a causé sous l'influence de l'alcool, il essaie de retrouver une vie normale aux côtés de son frère cadet Rodney. Celui-ci militaire de carrière toujours entre deux missions au Moyen-Orient vit de paris et de jeux qui l'endettent toujours plus. Il se retrouve mouillé dans une sombre affaire de combats illégaux dirigés par le caïd du coin, Harlan De Groat, sociopathe en puissance et vicieux jusqu'à l'os. Jusqu'au jour où Rodeny disparaît mystérieusement... Russel part à la recherche de son frère, mettant de côté la peur et la loi.


Pour sa deuxième réalisation (après le remarqué Crazy Heart), Scoot Cooper embarque les spectateurs dans un drame au décor noir et poisseux d'une Amérique fragilisée, dont la gloire passée est réduite à néant. Un personnage à part entière. Sa population ? Oubliée mais indispensable au bon fonctionnement de la région, si mal considérée, se tuant littéralement à la tâche avec des métiers nocifs et mal payés (le titre en VO est tout de même Out of the Furnace). Une misère à laquelle elle semble s'être habituée. Le titre du film ? Une référence appuyée aux Raisins de la colère de Ford et de Steinbeck ?! Pas de quoi faire rêver à priori ! 

 © Metropolitan FilmExportLe réalisateur offre une mise en scène classique et dépouillée, sobre et élégante malgré le contexte, appuyée par une photographie sublime. Les nuances légèrement cuivrées donnent un style naturel et organique et des contrastes ombragés subtiles sur les personnages. De quoi envelopper parfaitement le sujet : celui d'une quête et d'une vengeance.
Seul bémol : les quelques métaphores filées, sont expliquées dans les grandes largeurs avec de nombreux plans didactiques, au cas où on ne comprenne pas le message que le réalisateur veut nous faire passer (comme cette biche tuée à la chasse mise en parallèle avec Rodney, aux mains de Harlan De Groat). 

© Kerry hayesLe casting 5 étoiles (et des producteurs qui ne le sont pas moins : Leonardo DiCaprio et Ridley Scott... excusez du peu !) tient ses promesses. Il brille avec des rôles principaux de caractères bâtis pour eux, et dont l'interprétation est sans faille. Christian Bale et Casey Affleck, ces deux frères à la relation conflictuelle, donnent de leur personne, autant physiquement que verbalement, passant de la férocité animale à la faiblesse d'un nouveau-né. À l'image de la ville et de ses hauts-fourneaux. Woody Harrelson est terrifiant de brutalité. Dommage que le junky féroce qu'il incarne manque de nuances...

 © Metropolitan FilmExportCependant, tout n'est pas si parfait pour considérer Les Brasiers de la colère comme un grand film. Si on entre en empathie avec les personnages, on croit à leurs souffrances, leurs blessures et leur désarroi grandissant pendant le film, le scénario déçoit. Il n'offre rien de nouveau, et l'ensemble donne l'impression d'un drame américain avec ses grandes étapes "obligatoires" sans originalité. On voit arriver de loin la scène de la vengeance, dont la finalité pose l'éternelle question "Doit-on se faire justice soi-même". Thème récurrent et récemment porté à l'écran dans Prisoners. Si le fond est classique, il offre quelques jolis moments de tension, mais il lui manque ce petit truc en plus qui aurait pu faire de lui plus qu'un beau film. 

En résumé : Il manque ce supplément d'âme pour faire des Brasiers de la colère un drame aussi profond qu'esthétique.


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