MINUSCULE, la vallée des fourmis perdues
(film animé)
Lors d'une journée d'été ensoleillée, des fourmis noires vivent paisiblement dans une vallée, à la recherche de provisions en tout genre. Finissant par trouver les restes d'un pique-nique, le bataillon d'ouvrières transporte tout ce qu'il peut. Leur plus grande découverte ? Une boite à sucres, le plus grand des trésors, mais aussi le plus convoité. Les fourmis rouges, pires ennemis des noires, se mettent en rang pour dérober ce doux Saint Graal. Mais c'est au côté d'une coccinelle à la détermination sans faille que les fourmis noires vont se battre et tenter de garder leur or blanc.
Vous, qui avez tendance à écraser les fourmis qui vous chatouillent le cou ou les doigts de pieds en vacances, vous ne regarderez plus ces petites bêtes rapides et besogneuses de la même façon après avoir vu Minuscule, la vallée des fourmis perdues. Adapté d'une série de courts-métrages de quelques minutes diffusés à la télévision, le film de Thomas Szabo et Hélène Giraud est une jolie surprise pleine de poésie bucolique et burlesque et d'aventures épiques. Ses créateurs ont gardé toute la magie des programmes courts : l'absence de dialogues remplacés par des bruitages cartoonesques, des gags dignes de Tex Avery, mâtinés de Charlie Chaplin et de Buster Keaton, et des personnages animés tendres et attachants au cœur de paysages réels (extérieurs et intérieurs) magnifiques. Les parcs des Écrins et du Mercantour nous laisse des images de carte postale.
Pour ceux qui connaissent la série, ils risquent d'être un peu déroutés au départ avec le choix des personnages. Les fourmis, insectes secondaires à la télévision, deviennent les personnages essentiels de ce long-métrage, au détriment d'autres personnages plus emblématiques de la série. Mais des caméos sont au programme : les araignées (ici représentées à la manière de Tim Burton) ou encore la sauterelle. Mais ce n'est qu'un détail.
L'ensemble se détache totalement de la série pour se forger une identité propre. Pas besoin d'être un fan pour tomber sous le charme de ses insectes et de leurs aventures périlleuses, sarcastique, voire même cruelle parfois. On peut légèrement regretter la sensation du passage du court au long-métrage, où des sketchs s'enchaînent pendant 1h30 avec quelques soucis de rythme de temps en temps, donnant une impression de freinage au mauvais moment.
Mais ceux-ci sont vite oubliés lorsqu'on s'arrête avec attention sur la qualité de la mise en scène, de sa force visuelle et graphique minutieuse (comme la maison de l'araignée dans les égouts), avec une mise en relief 3D qui prend tout son sens et sa place pour plus de vitalité. Sans oublier l'ingéniosité des situations, où les objets du quotidien des humains deviennent un véritable challenge pour les petites pattes et ailes des insectes. Les nombreux niveaux de lecture laissent aux parents le loisir d'apprécier les références et les clins d'œil tandis que les enfants apprécieront les scènes de course-poursuite dignes de Star Wars (entre la coccinelle et les odieuses mouches, par exemple).
En résumé : Visuellement captivant, des personnages à croquer (ou presque…) et une absence de dialogues qui renforce la poésie et les émotions. Une vraie réussite à la française !