EDDIE THE EAGLE
De Dexter Fletcher
Avec Taron Egerton, Hugh Jackman, Christopher Walken...
Sortie le 4 mai 2016
Depuis tout gamin, Michael "Eddie" Edwards n’a qu’un seul rêve : participer aux Jeux Olympiques. Sauf que ce jeune garçon gauche et fragile d'un genou n’a jamais réussi à briller dans aucun sport. Et pourtant il passe son enfance essayer à peu près toutes les disciplines sportives avant de se trouver par hasard une passion pour le ski, dont on le décourage à haut niveau, puis le saut à ski. Touché par la persévérance et l'abnégation d’Eddie, un ancien champion américain de la discipline devient son coach malgré-lui et l’aide à prendre part aux J.O. d’Hiver de Calgary. L’histoire vraie d’un antihéros, premier britannique à participer à l’épreuve de saut à ski aux Olympiades, n'ayant jamais cessé de croire en lui-même alors que son pays tout entier le prenait pour un looser.
Il est des destins écrits pour le cinéma. Celui de Michael "Eddie" Edwards n'avait rien au départ pour briller sur les tapis rouges hollywoodiens et d'ailleurs. Ce feel-good movie n'est pas un chef-d'œuvre mais il a le mérite de rappeler l'adage célèbre "l'important, c'est de participer" de Pierre de Coubertin Et il rappellera sans aucun doute dans son esprit et sa construction la comédie Rasta Rocket, à qui il est même fait un clin d'œil ouvert puisque les deux longs-métrages se passent lors des Jeux d'hiver de 1988. Le changement de discipline du héros, l'incompatibilité de caractère du sportif et de son entraîneur, des séances d'entraînement rabâchées, le méchant de la fédération qui leur met des bâtons dans les roues... On retrouve tout, l'incongruité de certaines scènes en moins. Mais les scénaristes, dont c'est la première œuvre, rendent le héros improbable attachant et le duo plutôt fun. Leur script tire de grosses ficelles ? Qu'importe... Les acteurs semblent s'amuser et nous transmettre des ondes positives et la sensation qu'avec de la détermination et de l'envie tout est possible. Un peu naïf et basique, me direz-vous ? Sûrement. Mais cela fait du bien de temps en temps. On sourit, on serre les dents pendant les sauts, et on s'amuse des pitreries des acteurs. Car oui, Taron Egerton et Hugh Jackman oscillent entre ingénuité, enfantillages, mimiques et gesticulations hasardeuses... parfois. Ce qui est plutôt amusant au début peut s'avérer un peu lourd sur la longueur. Mais restent quelques pépites. Voir Hugh Jackman lâcher prise, sans effort (à tort ou à raison) lorsque son personnage d'entraîneur compare le décollage de la rampe d'un sauteur à ski et l'acte sexuel avec l'actrice Bo Derek : il simule le flot d'émotions engendrés par les deux avec une liberté désinvolte que seul un acteur de cette trempe (et n'ayant rien à rien à perdre) peut interpréter sans perdre sa crédibilité. La scène deviendra moins culte que celle du restaurant dans Harry rencontre Sally mais a le mérite de placer l'acteur australien en side-kick burlesque efficace face au propret Egerton.
Le jeune acteur britannique, star montante depuis Kingsman : services secrets, a laissé sa bogossitude au placard pour coller au mieux au véritable Michael Edwards. Sourire figé, mâchoire en avant, lunettes épaisses et sourcils, moustache frétillants et petites poignées d'amour, les traits sont souvent grossis et forcés. Contrairement à Kingsman où la mécanique de la transformation est sophistiquée et implicite pour évoluer dans un monde parodique et de second degré, Taron Egerton semble ici en complet décalage, créant parfois des moments gênants. Eddie donne l'impression d'être l'idiot du village, qui n'a pas évolué depuis l'âge de 5 ans, car le degré de parodie ou de comédie n'est pas si bien défini. Dommage car le jeu d'Egerton aurait pu être bien meilleur.
Le véritable Eddie |
En résumé : un petit film sympathique un peu facile et cousu de fil blanc, mais qui se laisse regarder pour la bonne humeur communicative de ses acteurs.