dimanche 24 novembre 2013

[Critique] Cet été-là : un été pour passer à l'âge adulte (27/11/13)

CET ÉTÉ-LÀ

De Nat Faxon et Jim Rash
Avec Steve Carrell, Toni Collette, Liam James, Sam Rockwell...

Sortie le 27 novembre 2013

Comme pour beaucoup d'ados, passer tout un été avec sa famille tient parfois de la corvée, voire de l'exploit. D'autant plus lorsque celle-ci est recomposée et dysfonctionnelle comme celle de Duncan. Entre son futur beau-père castrateur et qu'il déteste, sa mère soumise et dépassée, et sa demi-sœur écervelée et superficielle, Duncan se sent comme un poisson hors de l'eau. Introverti, trop éveillé pour son âge, mal sapé, une dégaine mal assurée, il a toutes les peines du monde à être sociable, même avec la jolie petite voisine un poil plus âgée que lui. C'est en faisant la connaissance d'Owen, gérant d'un parc aquatique, qu'il va retrouver le sourire et une confiance en lui, jusque-là inconnue.


L'adolescence est un sujet maintes fois porté à l'écran et finalement, très casse-gueule si on ne trouve pas les bons ingrédients. Coup de bol, le duo Faxon/Rash (déjà aux commandes de The Descendants) a  su concocter la bonne recette. Si les éléments de départ semblent basiques (une mise en scène formelle pour activer la carte réalisme, accompagné d'une mélancolie rêveuse et de personnages anti-conformistes et désinvoltes, le tout arrosé par une bande-son consensuelle), l'ensemble fonctionne parfaitement sans tomber dans la facilité ni dans l'extrême fragilité de l'âge dit "ingrat". 

Tricoté comme un récit initiatique du point de vue de Duncan, Cet été-là doit beaucoup au contexte particulièrement bancal, quasi inconfortable mais prenant, de cette famille et de son entourage, où les adultes se comportent comme de vrais gamins -- lorsqu'ils ne se dupent pas les uns les autres. Mais aussi à la performance de ses acteurs notamment celle du jeune Liam James, attachant paumé à la moue boudeuse, mais dont l'étincelle de vie ne demande qu'à être ravivée. Une véritable révélation (après une apparition dans 2012 de Roland Emerich).

Les adultes ne sont pas en reste : le premier rôle de salaud de Steve Carrell lui va comme un gant, Allison Janney est fabuleuse en alcoolique désinhibée (voilà qui la change de celui de l'épouse trompée dans Masters of Sex), Toni Collette en mère pleurant en silence. Et la cerise sur le gâteau reste le trop rare mais excellent Sam Rockwell, en ado attardé mais qui s'assume et le revendique. Avec son bagout au débit incroyable, sa présence scénique imposante et son humanité transpirante, il incarne un mentor décomplexé et touchant, faisant régner un bordel organisé dans le parc aquatique. Dès qu'il entre dans le cadre, les scènes prennent une autre dimension. Entre désenchantement et affirmation de soi, Cet été-là s'inscrit dans la plus pure pure tradition du genre, sans la révolutionner.


En résumé : on passe un bon moment devant cette comédie sans prétention mais d'une sincérité indéniable. Mais il y a quelques mois, j'aurais parié pour plus de fantaisies...


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