mardi 6 janvier 2015

[Critique] Queen and Country : Farce sous les drapeaux (07/01/15)

QUEEN AND COUNTRY

De John Boorman
Avec Callum Turner, Caleb Landry Jones, Pat Shortt, David Thewlis, Richard E. Grant
Sortie 7 janvier 2015


1952. Bill Rohan a 18 ans et l’avenir devant lui. Pourquoi pas avec cette jolie fille qu’il aperçoit sur son vélo depuis la rivière où il nage chaque matin ? Cette idylle naissante est bientôt contrariée lorsqu’il est appelé pour effectuer deux années de service militaire en tant qu’instructeur dans un camp d’entraînement pour jeunes soldats anglais en partance pour la Corée. Bill se lie d’amitié à Percy, un farceur dépourvu de principes avec lequel il complote pour tenter de faire tomber de son piédestal leur bourreau : le psychorigide Sergent Major Bradley. Tous deux parviennent néanmoins à oublier un peu l’enfermement et la discipline à l’occasion de rares sorties. Mais leur est-il encore possible d’y rencontrer l’âme soeur ?


Le réalisateur de 81 ans est encore vert et plus en forme que jamais ! Il écrit à nouveau ses Mémoires après Hope & Glory (1987), et se penche cette fois-ci sur ses années de service militaire avec légèreté, humour et tendresse, sans oublier d'être profond et de nous donner à réfléchir. Il (re)découvre les joies de l'armée, de sa hiérarchie abusive, de la bureaucratie pesante et de la morosité qui pointe à chaque coin de baraquement. Mais il s'en éloigne grâce au ton comique, incarné par Caleb Landry Jones (un peu en roue libre parfois) et aux fantaisies potaches de caserne. A travers Bill et Percy, il revient sur son anticonformisme et son attitude rebelle et irrévérencieuse face au conflit en Corée qu'il désapprouve, sans donner de leçons de moral. Entre blagues et gags, le cinéaste réalise une autobiographie très ressemblante, réaliste s'il en est.

Cette comédie dramatique a la bonne idée de ne pas être qu'une comédie enchaînant vannes sur vannes. Avec un charme suranné mais authentique, Boorman raconte une histoire d'amour presque adolescente, où sa naïveté est des plus charmantes. Il n'en oublie pas la passion et les détours que prend ce sentiment, parfois joueur et trompeur. 

Boorman se souvient et nous fait partager ses souvenirs, tels qu'ils sont dans sa mémoire. Légèrement polis ou enjolivés, on ne saurait le dire. Mais ces clins d'oeil temporels nous embarquent dans un monde réel, où la jeunesse est joviale, avide de liberté, de parcourir le monde et d'égalité sociale. Rien de mieux alors que de le faire à travers le cinéma ! Les personnages principaux se lancent des répliques de longs-métrages dès de début : "Ca ne peut être que le début d'une putain de belle amitié", dit Percy. Il avait raison… Celle du jeune bidasse dont la passion pour le cinéma est saisie dans le dernier plan (une caméra se met à tourner). Une vie entière résumée dans ce plan, définitif et plutôt bouleversant.

En résumé : Un film surprenant, quasi scindé en 2 parties équilibrées, drôle sans être exubérant. Le tout dans des couleurs vieillies mais qui ne sentent jamais le sapin.



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