De Ben Affleck
Avec Ben Affleck, Bryan Cranston, Alan Arkin, John Goodman, Victor Garber, Scott McNairy, ...
Le 4 novembre 1979, l'ambassade des Etats-Unis basée à Téhéran est prise d'assaut par des Iraniens qui protestent contre le refus américain d'extrader le Shah sanguinaire, exilé pour des raisons de santé. Des dizaines d'otages sont alors retenus. Mais six diplomates réussissent à s'échapper et se réfugient chez l'ambassadeur canadien. Une solution bien évidemment de courte durée, car les Iraniens traquent les otages manquants et l'ambassade canadienne risque gros si le secret est découvert.
Sur le sol américain, Tony Mendez, (Ben Affleck) un agent de la CIA spécialisé dans l'exfiltration, est appelé en renfort. Il a alors l'idée saugrenue de faire sortir les ressortissants américains en inventant un faux tournage de film de science-fiction (titré Argo) et faire croire que les Américains en question sont des Canadiens faisant partie de l'équipe du film, partis en repérage. Devenu producteur, Mendez rejoint les six diplomates devenus ses collaborateurs. Aidé par deux vieux lascars de Hollywood (Alan Arkin et John Goodman), Mendez prépare minutieusement l'opération dans les moindres détails et entraîne comme de vrais sportifs ceux qui ont désormais leur vie entre ses mains.
"La réalité dépasse la fiction, car la fiction doit contenir de la vraisemblance, pas de la réalité" (Mark Twain)
La reconstitution des années 70 est minutieuse, des costumes à la coupe de cheveux longue, sans oublier les lunettes aviateur et les moustaches fournies. Même le grain de l'image est estampillé de l'époque (jusqu'au logo de la Warner revenu dans les tons rouge et ses lettres arrondies). On pourra retrouver ainsi l'ambiance des classiques du genre, tels Les Hommes du Président (bureaux de la CIA oblige) où le langage cinématographique s'exprime sans montage convulsé, de caméras montées sur un grand huit, ou de musiques omniprésente pour marquer chaque émotion.
"Argo... fuck yourself"
Une fois le contexte installé, Argo monte peu à peu en puissance, et ne nous lâche pas jusqu'à la fin (même si celle-ci est prévisible). Loin de s'apesantir sur l'Histoire et de discourir sur les événements en prenant parti, il se concentre exclusivement sur le sauvetage des otages et les méthodes employées pour y arriver.
Le réalisateur a l'intelligence de jouer habilement sur deux tableaux : celui du drame de la prise d'otage et de ce que vivent les diplomates terrorisés, enfermés depuis plus de 3 mois en attendant de savoir ce qu'il adviendra d'eux, et celui de l'humour avec la participation de John Goodman et Alan Arkin, comme moyens de faire baisser la pression pour mieux embarquer de plus belle le spectateur. Grâce à ses deux rôles de producteurs à la langue bien pendue, Affleck en profite pour lâcher quelques commentaires acerbes et bien sentis sur l'industrie du cinéma (entre autres).
Ainsi les rôles, nombreux, ne sont pas développés outre mesure (Ben Affleck le premier), mais suffisamment pour développer une empathie chez le spectateur. Rôles qui sont admirablement tenus par un casting époustouflant, tout en retenu mais passionné pour un ensemble efficace. On mettra un seul bémol : les quelques scènes finales très "américaines" où tout le monde se congratule, et celle de l'image d'un père sauveteur des otages mais aussi de sa famille en perdition... On s'en passerait bien ! Mais que ceux qui ne se rongeront pas les ongles et/ou ne se mordront pas l'intérieur des joues pendant 2h me fassent signe ! Dernier conseil : restez bien jusqu'à la fin du générique final...
En résumé : Un film de divertissement prenant, dans lequel se mélangent avec habileté histoire, espionnage, humour et suspense. Du TRES GRAND cinéma, qu'on aimerait voir plus souvent. Ben Affleck n'a plus le droit de faire moins bien... Grosse pression ! Et une statuette à la clé ?
Crédits photos : © Warner Bros.