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On ne compte plus les remake, parodies et autres adaptations du célèbre roman de Pierre Boule,
La Planète des Singes (1963). Le film de 1968 de F. J. Schaffner avec Charlton Heston restera sans doute le meilleur. Et même un véritable tournant du cinéma : un sous-texte subversif dénonçant le racisme et les préjugés dans cette période de contestation pour les droits civiques aux Etats-Unis, et un maquillage et des effets spéciaux uniques pour l'époque. Alors quand Tim Burton reprend le flambeau en 2001, on s'attendait à une révolution esthétique et un scénario à la hauteur de la première version. Mais la déception a fait place à l'excitation.
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Reprendre le matériau initial de
La Planète des singes était donc une très lourde tâche pour Ruppert Wyatt, dont c'est la seconde réalisation après
Ultimate Evasion. Et le réalisateur s'en sort plutôt bien, voire très bien !
La Planète des singes : les origines est un
reboot qui offre une nouvelle lecture de ce qui va amener les primates à se rebeller contre l'homme et devenir les maîtres du monde quelques décennies plus tard.
La Conquête de la planète des singes de J. Lee Thompson (1971) est clairement à l'origine du scénario de ce nouvel opus. Mais dans
Les Origines, il n'est pas question de voyages spacio-tremporels. Même si le côté SF est bien présente, la touche de modernité réside dans ses thèmes : le business des labo pharmaceutiques et son lot de maniaques du billet vert, une épidémie bactériologique et l'envie incessante de l'homme de se prendre pour Dieu. Entre l'ambition scientifique, la folie biblique castratrice, l'esclavage, c'est bel et bien un portrait de nos sociétés humaines qui est brossé. Et il n'est pas beau à voir !
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Les Origines se veut surtout un
prequel dans la continuité de l'original. Mais il s'agit davantage d'un film d’évasion que de révolte, puisque les singes ont avant pour but de s’enfuir. La thématique de l'enfermement y est plus de prépondérante. César (Andy Serkis, alias King Kong et Gollum) est un jeune chimpanzé né d'une grossesse inattendue, dans un laboratoire qui explore le moyen de guérir la maladie d'Alzheimer. Quand sa mère se fait tuer, César est recueilli par Will, (James Franco,
127 heures) scientifique en quête du remède miracle qui sauvera son père (John Lightow,
Dexter), atteint de cette maladie dégénérative. Tous trois vivent en harmonie alors que César développe des facultés intellectuelles incroyables. Mais son comportement quasi exclusif et protecteur va le conduire à l'enfermement dans un centre spécialisé pour singes. Perdu parmi ses congénères, il va endurer la cruauté de l'être humain, incarné par Tom Felton (Drago dans
Harry Potter) qui décidément réinvente la définition du mot ordure à merveille. Endurci, il mène alors ses congénères à la révolte et à la prise de liberté.
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Ce qui frappe d'emblée, c'est la mis en scène efficace et un qualité technique du film impeccable. Malgré quelques passages un peu longuets (mais utiles), les images tournée en 3D, en décors naturels et sobres, et retravaillées par le studio WETA (qui a fait la trilogie du
Seigneur des anneaux,
King Kong et
Avatar, tout de même...) sont tout simplement époustouflantes. Mis au placard la caméra à l'épaule et autres zooms qui donnent la nausée qui polluent les scènes d'action dans tant de films actuellement. Grâce à la fameuse Motion capture (ou performance capture), les signes prennent vie et donnent à voir leurs émotions dans les moindres détails. Et Andy Serkis est fabuleux dans ce rôle. Sa palette d'émotions simiennes étaient déjà incroyables dans
King Kong, et elle s'est étoffée dans
Les Origines grâce à une anatomie et une gestuelle complètement digitalisées, ce qui fait de César un personnage plus qu'attachant et crédible.
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Quant aux autres acteurs, dont les rôles sont plus que caricaturaux, sont des personnages-fonctions : ils ne sont là que pour montrer à quel point l'homme est vil et égoïste (même en voulant parfois bien faire), et qu'il est la cause de tout le chaos qui les attend. James Franco remplit ses contrat mais ne dégage pas un charisme dément. Freida Pinto (
Slumdog Millionnaire) n'est malheureusement qu'un faire-valoir, conscience moralisatrice de Will, lui répétant qu'il ne devrait jouer contre Mère Nature. Seul John Lightow incarne-là un personnage bien loin du Trinity killer de
Dexter : il est touchant et surprenant en papa vieillissant et malade d'Alzheimer. Mais leur présence ne gâche en aucun cas le film, qui se focalise sur les singes.
Voilà un réalisateur qui a voulu rendre son film le plus réaliste possible, où tout est à prendre au premier degré (peut être un peu trop... on ne pourra d'ailleurs s'empêcher de sourire lorsque César prononcera son premier mot), nous offrant ce qui est promis dans le titre. Un blockbuster annoncé mais aux allures de film qui se veut humble. A vous de vous laisser transporter par les émotions et ne succomber pas à l'envie irrépressible de frapper tous ces êtres évolués (qu'on appelle soit disant "humains") qui profitent de la vulnérabilité des animaux en sortant de du cinéma (oui, je fais un peu ma B. Bardot de temps en temps...).
Et comme d'habitude, attendez la fin du premier générique pour quitter la salle !
Cadeau : quelques images des effets spéciaux :