jeudi 8 décembre 2011

Critique : Oh my God ! : un grand plaisir non dis-simulé (14/12/11)



OH MY GOD
De Tanya Wexler
Avec Hugh Dancy, Jonathan Pryce, Rupert Everett, Maggie Gyllenhaal


Avec un titre pareil, on pouvait s'attendre au pire... Loin de là ! Le film troisième (en 13 ans) de la réalisatrice Tanya Wexler est une comédie romantique pétillante qui ne manque pas de charme, mais beaucoup plus sage qu'elle ne laisse penser. Raconter l'invention du premier sex toy dans l'Angleterre victorienne aurait pu tourner au grotesque graveleux. Mais tout le flegme et la retenue britannique en font un film élégant et subtilement drôle.


© Haut et CourtOh My God ! ne se base pas sur le gimmick de Janet dans Friends... mais sur des faits réels. Il raconte l'histoire du jeune docteur Mortimer Granville (Hugh Dancy), féroce défenseur de la médecine moderne. Son avant-gardisme refroidissait les hôpitaux et les grands cabinets encore habitués aux saignées barbares (avec des petites bêtes gluantes) et aux méthodes arriérées (l'hygiène n'était pas la priorité à l'époque). Se faisant régulièrement viré de ses emplois pour ses idées novatrices, il trouve un travail en tant qu'assistant du docteur Darlymple (Jonathan Pryce), spécialiste de l'hystérie féminine. Ce mal (imaginaire, car il ne s'agit que de frustration sexuelle) semblait affecter la moitié des femmes de Londres à cette époque, selon les "experts". Et pour cause ! La gent masculine n'avait que faire du plaisir féminin et ne considérait que l'orgasme vaginal rendu possible grâce à leur intervention. Le remède miracle ? Un massage intime dont le plaisir (non coupable) procuré effaçait les troubles du comportement de ces dames. Alors qu'une crampe à la main l'empêche de continuer son devoir médical, le jeune docteur met au point avec l'aide de son meilleur ami fortuné (Rupert Everett), inventeur féru d'électricité : le premier vibromasseur. 

© Haut et Court

"Trois paroxysmes en cinq minutes vous dites ?"

© Haut et CourtBigre ! Le sujet aurait pu tourner en eau (nœud?) de boudin grossier. Mais le scénario de Stephen Dyer et Jonah Liser Dyer en fait une comédie légère qui ne manque pas d'humour, mélangeant avec drôlerie le plaisir simple de l'orgasme qui fait rougir les femmes bourgeoises de cette époque et de réels revendications historiques. Car tout ceci n'est pas que faribole ! La quête de l'égalité des sexes par la reconnaissances du plaisir est le thème principal de ce long-métrage. A l'époque, toute la gente masculine de son temps refusait aux ladies le droit à l’orgasme clitoridien. D'où les nombreux cas d'hystérie, c'est-à-dire sautes d'humeur et autres symptômes dus à la frustration, considérée comme une maladie jusqu'en... 1952 ! Oui, mesdames ! La place de la femme dans la société et les luttes qu'elles ont du entreprendre pour arriver à un semblant de parité est un sujet qui tient visiblement au cœur de la réalisatrice au vu de l'écriture du personnage de Maggie Gyllenhaal. 

© Haut et CourtCette méconnaissance de la femme va être bouleversé par la fille même du Docteur Darlymple, une révoltée au cœur fougueux qui n'aspire qu'à la parité, au vote des femmes et à aider les gens dans le besoin. Un rôle au poil pour Maggie Gyllenhaal, rayonnante en jeune femme de bonne famille défendant des convictions féministes avant-gardistes et dont la verve déconcerte son entourage. Les autres acteurs ne sont pas en reste. Hugh Dancy est un jeune premier convaincant, drôle et touchant (et au charme suranné ravageur). Il peut sans aucun doute reprendre le flambeau du séducteur quelque peu laissé par Hugh Grant. Et Rupert Everet, qu'on n'avait pas vu depuis quelques temps, accuse les années mais est toujours aussi bigrement brillant lors de ses (trop) courtes apparitions.

© Haut et CourtMalgré un budget plus que serré, la reconstitution du Londres des années 1880 est bluffante. Seul petit regret : un manque de provocation et d'impertinence pour un sujet qui demandait un peu d'audace et de piquant. Les personnages de Felicity Jones (la soeur de Maggie Gyllenhaall) et Jonathan Pryce sont légèrement sous-exploités et semblent effacés par rapport aux autres plus colorés. Mais pour autant, cela ne compromet en rien cet excellent moment de cinéma... éducatif s'il en est au vu de son générique, qui étoffera votre culture en matière de jouets coquins à travers le temps.

En résumé : Petite comédie fort sympathique qui vous fera glousser de plaisir (jusqu'à l'orgasme ?) de ses ondes éphémères, sans laisser de traces indélébiles.


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